histoire des petits pains au chocolat

HISTOIRE DES PETITS PAINS AU CHOCOLAT

En passant devant la boulangerie du quartier, une délicieuse odeur fait frétiller vos narines. Les viennoiseries sortent du four et vous reconnaissez cette odeur de pâte feuilletée au beurre, croustillante et moelleuse ! Le parfum sucré des petites barres de chocolat délicatement enveloppées achève de vous convaincre et vous pénétrez résolument dans l’antre de la gourmandise. Mais qu’allez-vous demander à la boulangère ? Un petit pain au chocolat ou une chocolatine ?

Petit pain au chocolat ou une chocolatine ?

Rassurons tout d’abord les nombreux amateurs de cette viennoiserie, car, quel que soit le terme employé, ils obtiendront toujours satisfaction. Effectivement, le débat entre « petit pain au chocolat » et « chocolatine » n’est que linguistique. En effet, il s’agit bel et bien de la même recette. Nous parlons donc d’une viennoiserie de forme rectangulaire, constituée de pâte levée feuilletée qui cache en principe deux bâtonnets de chocolat. Mais alors où est le problème ? Le débat serait donc linguistique, et surtout il serait régional. Car si une majorité des Français l’appellent « petit pain au chocolat », dans le Sud-Ouest, cette petite viennoiserie est une « chocolatine ». Alors nous ne trancherons pas le débat dans cet article, mais essayons d’y voir plus clair.

Le pain au chocolat

D’un point de vue purement technique, le terme « pain » est inapproprié pour désigner la viennoiserie dont nous parlons. Puisqu’elle est élaborée à partir de pâte feuilletée. Or en pâtisserie, le « pain » est plutôt une pâte briochée. Comme celle du pain au lait ou de la baguette viennoise. Il semblerait donc que stricto sensu, l’appellation « chocolatine » soit la plus adéquate. Le « petit pain au chocolat » devrait être constitué d’un morceau de pain garni de chocolat en morceaux. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, si l’on ôte le chocolat d’un petit pain au chocolat, obtient-on du pain pour autant ?

La chocolatine

L’appellation « chocolatine » pour notre viennoiserie fétiche ne peut d’ailleurs être ignorée, puisqu’elle est ardemment défendue par les habitants du Sud-Ouest. Un comité de défense de la chocolatine existe notamment sur les réseaux sociaux et l’on y trouve une cartographie qui identifie les mangeurs de « chocolatine » et les amateurs de « pain au chocolat ». À la lecture de cette carte, il est facile de supposer l’origine géographique du terme « chocolatine ». En effet, dans les régions toulousaines et bordelaises, l’appellation « chocolatine » a perduré par-delà les siècles, et malgré la pression de la majorité. Les Occitans, parlant des mangeurs de pains au chocolat, pourraient tout à fait reprendre cette phrase de Coluche : « C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison ! »

L’identité régionale

Car au travers de ces querelles de langage, c’est leur identité que les régions revendiquent. D’ailleurs, dans d’autres régions, on ne parle ni de « chocolatine » ni de « petit pain au chocolat ». En Alsace, par exemple, cette viennoiserie est appelée « petit pain », alors que dans les Ardennes, la boulangère vous vendra une « couque au chocolat ». Et même si le débat sur le petit pain au chocolat était clos demain, un autre prendrait bien vite le relais. Celui du « pain aux raisins », par exemple, appelé « pain russe », « suisse » ou « escargot » selon la région de France où il est dégusté.

La France est un pays où la gastronomie et la linguistique ont un riche passé. Elles constituent chacune un pan important de notre patrimoine culturel et sont l’étendard de valeurs intrinsèques. Alors il n’y a rien d’étonnant à ce que la gastronomie et la linguistique s’associent. Et au-delà des clivages que ces débats suscitent, ils sont surtout l’occasion de mieux rassembler les Français autour d’un sujet qu’ils adorent : la « bonne bouffe » !

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